Au XIVe siècle, le Royaume du Kongo, par exemple, se distingue comme l’un des États les plus structurés et avancés d’Afrique centrale. Ce royaume s’étendait sur une vaste région qui englobe aujourd’hui une partie du sud-ouest de l’actuelle République démocratique du Congo, le nord de l’Angola et une portion de la République du Congo. À son apogée, le Kongo constituait une entité politique centralisée et bien organisée, avec une administration développée et des institutions capables de gérer efficacement un territoire vaste et diversifié. Parallèlement au Kongo, de nombreux autres royaumes africains prospéraient à travers ce qui constitue aujourd’hui la République démocratique du Congo. Des royaumes tels que le royaume de Luba, le royaume de Lunda, et bien d’autres, s’étaient développés d’est en ouest. Chaque royaume avait ses particularités et son organisation sociale propre, souvent fondée sur des systèmes de chefferie et de parenté complexe. Ces royaumes étaient pour la plupart indépendants, mais entretenaient des liens commerciaux et parfois politiques avec le Royaume du Kongo, créant un réseau d’États influents et interconnectés à travers l’Afrique centrale. Ces royaumes démontraient une richesse culturelle et une diversité politique qui reflétaient la complexité et l’ingéniosité des sociétés africaines de l’époque.
Les Portugais, dans leur quête d'exploration et de nouvelles routes commerciales, établissent ainsi une connexion avec le Royaume du Kongo, un empire puissant et bien organisé, dirigé par le Mani Kongo. Cette arrivée marque le début d'une relation complexe et durable entre les deux mondes, façonnée par des échanges diplomatiques, commerciaux, culturels et religieux. Les premiers contacts entre les Portugais et le Royaume du Kongo sont empreints de curiosité réciproque. Les Portugais, fascinés par l'organisation politique et l'ampleur du royaume, établissent rapidement des liens diplomatiques avec le roi local, le Mani Kongo. De son côté, le roi voit en cette nouvelle alliance une opportunité d'accéder à des biens et des connaissances jusque-là inconnus. Les échanges commerciaux s'intensifient avec l'introduction de nouveaux produits européens tels que des tissus, des armes à feu, et des objets manufacturés, tandis que les Portugais s’intéressent aux ressources locales, notamment l'ivoire, le cuivre et les esclaves.
Le Royaume du Kongo, autrefois prospère et densément peuplé, est devenu une source majeure de main-d'œuvre pour les colonies américaines, en particulier le Brésil. Au cours de cette période, plus de 5 millions d'Africains ont été capturés dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres autour de l'estuaire du fleuve Congo et transportés vers l'Amérique, où ils ont été contraints de travailler dans les plantations et les mines. Ce commerce d'êtres humains a provoqué une déstabilisation profonde des structures politiques et sociales du Royaume du Kongo, tout en dépeuplant la région de manière dramatique. En parallèle, à l'est de ce qui est aujourd'hui la République démocratique du Congo, la traite des esclaves était déjà bien établie sous l'influence des commerçants arabes. Depuis les côtes de l'océan Indien et les régions des Grands Lacs, les marchands arabes et swahilis avaient mis en place un vaste réseau de capture et de transport d'esclaves, qui s'étendait jusqu'aux confins orientaux du Congo. Ce commerce d'esclaves, destiné principalement aux marchés du Moyen-Orient et de l'Inde, impliquait des razzias, des captures massives et des routes commerciales complexes à travers l'Afrique de l'Est. Les régions de l'est du Congo fournissaient une main-d'œuvre abondante pour cette traite, où des milliers de personnes étaient enlevées chaque année et vendues sur les marchés de Zanzibar, de la péninsule Arabique et au-delà.
En 1871, l'explorateur britannique Henry Morton Stanley joue un rôle décisif dans les plans de Léopold II. Stanley, qui mène une expédition en Afrique centrale financée par le journal New York Herald, se distingue en descendant le fleuve Congo et en atteignant l'océan Atlantique. Cette exploration ouvre la voie à la navigation et au commerce le long de ce vaste réseau fluvial. C'est lors de cette expédition qu'a lieu l'une des rencontres les plus célèbres de l'histoire de l'exploration africaine. Le 10 novembre 1871, Stanley arrive à Ujiji, sur les rives du lac Tanganyika, et y retrouve le missionnaire écossais David Livingstone, qui avait disparu depuis des années et avec qui tout contact avait été perdu. Stanley s'adresse à lui avec la phrase devenue emblématique : « Doctor Livingstone, I presume? » (« Docteur Livingstone, je présume ? »). Cet événement médiatisé renforce la notoriété de Stanley et attire l'attention sur les vastes territoires encore méconnus de l'Afrique centrale. Suite à cette rencontre et à l'exploration du Congo par Stanley, Léopold II reconnaît l'importance stratégique et commerciale de ce fleuve. Il fait appel aux services de Stanley pour poursuivre l'exploration et établir des bases commerciales le long du fleuve Congo. En réalité, les intentions de Léopold vont bien au-delà de la simple exploration ou du commerce. Sous couvert de philanthropie, il cherche à exploiter les richesses naturelles de la région, notamment l'ivoire et, plus tard, le caoutchouc. Cette période marque le début d'une colonisation systématique qui aboutira en 1885 à la création de l'État indépendant du Congo, un territoire soumis à l'autorité personnelle de Léopold II, et qui deviendra tristement célèbre pour les abus et les atrocités commises sous son règne. Ainsi, les années 1870 sont une période charnière dans l’histoire de l’Afrique centrale, avec l’entrée en scène des ambitions coloniales de Léopold II et l’exploration du fleuve Congo par Stanley, marquant les prémices d’une colonisation brutale et l’ouverture de cette région aux appétits européens.
L'État Indépendant du Congo (EIC), correspondant au territoire de l'actuelle République Démocratique du Congo, et sur lequel le roi des Belges, Léopold II, exerça une souveraineté effective de 1885 à 1908.
Les années marquées par la "fièvre du caoutchouc". Les populations locales sont soumises à des travaux forcés pour récolter du caoutchouc, entraînant des violences atroces, des mutilations, et une forte baisse démographique.
En 1904, l'activiste et diplomate britannique Roger Casement publie un rapport accablant sur les atrocités commises dans l'État Indépendant du Congo sous l'administration de Léopold II. Après une enquête approfondie sur le terrain, Casement documente avec précision les abus subis par les populations locales, incluant les travaux forcés, les mutilations, les exécutions sommaires, et les prises d’otages. Le rapport met en lumière l'exploitation brutale des Congolais, forcés de récolter le caoutchouc sous la menace constante de violences, et révèle la profonde souffrance des communautés victimes de ce système oppressif.
En 1908, le règne personnel de Léopold II sur l'État Indépendant du Congo prend fin de manière spectaculaire. Après des années de scandales internationaux déclenchés par les révélations sur les atrocités commises sous son administration, la pression diplomatique devient insoutenable. Les dénonciations de la presse mondiale, les rapports accablants de figures comme Roger Casement et la mobilisation de nombreuses associations humanitaires forcent le roi des Belges à renoncer à son "État privé". Léopold II se voit contraint de céder la gestion du territoire à l'État belge.
Le Congo-belge marque une période cruciale de l'histoire de la République Démocratique du Congo, caractérisée par la domination coloniale directe de la Belgique après la cession de l'État Indépendant du Congo. Durant ces années, l'administration belge introduit des réformes politiques et économiques pour moderniser le territoire, tout en renforçant l'exploitation des ressources et la ségrégation raciale. Tandis que l'économie congolaise se développe autour des secteurs miniers et agricoles, les inégalités sociales et l'absence de droits politiques alimentent un sentiment croissant de résistance. Cette époque voit aussi l’émergence de mouvements nationalistes qui mèneront, après de nombreuses luttes, à l’indépendance tant attendue en 1960.
Pendant la guerre, le Congo belge joue un rôle stratégique aux côtés des Alliés, apportant un soutien crucial en troupes et en ressources. Des milliers de soldats congolais, appelés la "Force Publique", sont déployés pour combattre les forces allemandes en Afrique de l'Est, notamment en Tanzanie actuelle. En plus des soldats, le Congo fournit des matières premières essentielles, telles que le cuivre et le caoutchouc, qui alimentent l'effort de guerre des Alliés. Cet engagement militaire met en lumière l’importance géopolitique et économique du Congo belge dans les conflits mondiaux de l’époque.
Le lieutenant-général Charles Tombeur, de la Force Publique, a dirigé une armée de 15 000 hommes et de porteurs locaux pour avancer sur Kigali en 1916. Selon Reybrouck, au moins 260 000 porteurs indigènes ont été enrôlés pendant la guerre. Le 6 mai 1916, Kigali était tombée, et après une bataille acharnée, l'armée avança vers Tabora, qui se trouve aujourd'hui en Tanzanie, et la captura le 19 septembre 1916. Suite à la conquête de Mahenge, Tanzanie; la Force Publique—qui avait atteint 25 000 hommes en 1917—occupait un tiers de l'Afrique orientale allemande.
Après la Première Guerre mondiale, l'Allemagne, vaincue, est contrainte de céder plusieurs de ses territoires en vertu du Traité de Versailles signé en 1919. Parmi ces territoires se trouve la partie occidentale de l'ancienne Afrique orientale allemande, qui est placée sous administration belge et devient connue sous le nom de Ruanda-Urundi. Ce territoire est confié à la Belgique en tant que mandat de la Société des Nations, une organisation internationale créée à la suite de la guerre dans le but de maintenir la paix et de promouvoir la coopération entre les nations. Bien que sous contrôle belge, Ruanda-Urundi ne fait pas partie intégrante du Congo belge et conserve une administration distincte. Les peuples de Ruanda-Urundi obtiendront leur indépendance en 1962, donnant naissance aux nations du Rwanda et du Burundi.
En 1921, le gouvernement belge accorde un prêt de 300 millions de francs au Congo belge afin de financer des projets d'infrastructure publique pour soutenir l'essor des entreprises privées dans la colonie. Le gouvernement belge procède également à la privatisation de nombreuses entreprises publiques actives dans la colonie, telles que les mines de Kilo-Moto et la Société Nationale des Transports Fluviaux. Après la Première Guerre mondiale, la priorité est donnée aux investissements dans les infrastructures de transport, notamment les lignes ferroviaires reliant Matadi à Léopoldville, ainsi qu’Élisabethville à Port Francqui. Entre 1920 et 1932, 2 450 km de voies ferrées sont construits, facilitant ainsi le développement économique et l'exploitation des ressources de la colonie.
La Grande Dépression des années 1930 frappe sévèrement l'économie du Congo belge, basée sur les exportations, en raison de la chute de la demande internationale de matières premières et de produits agricoles. Par exemple, le prix des arachides s'effondre, passant de 1,25 franc à seulement 25 centimes. Certaines régions, comme le Katanga, voient l'emploi décliner de 70 %, entraînant une crise sociale majeure. À l'échelle nationale, la main-d'œuvre salariée diminue de 72 000 travailleurs, beaucoup retournant dans leurs villages d'origine faute d'emplois disponibles. À Léopoldville, la population chute de 33 % en raison de cette migration de main-d'œuvre, illustrant l'impact dévastateur de la crise économique sur les grandes villes et les secteurs industriels du Congo belge.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la production industrielle et agricole du Congo belge connaît une forte augmentation. La population congolaise subit le poids de l’« effort de guerre » à travers l’intensification des politiques de cultures obligatoires imposées par l'administration coloniale. Après la chute de la Malaisie aux mains des Japonais en janvier 1942, le Congo belge devient un fournisseur stratégique de caoutchouc pour les Alliés. De plus, la colonie s'affirme comme l'un des principaux exportateurs d'uranium vers les États-Unis durant la guerre, et plus tard pendant la Guerre froide, en particulier grâce à la mine de Shinkolobwe. Cet uranium est utilisé par le projet Manhattan, notamment dans les bombes atomiques larguées sur les villes japonaises de Hiroshima et Nagasaki en 1945. Le rôle du Congo belge dans cet approvisionnement stratégique souligne son importance géopolitique dans le conflit mondial.
En janvier 1959, Léopoldville (l'actuelle Kinshasa) est le théâtre de violentes émeutes qui marquent un tournant décisif dans la lutte pour l'indépendance du Congo belge. Tout commence avec l’interdiction par les autorités coloniales d’un rassemblement politique du parti ABAKO, dirigé par Joseph Kasa-Vubu, un leader nationaliste influent. Cette interdiction provoque la colère des militants et entraîne des affrontements avec les forces de l'ordre. La répression brutale de cette manifestation fait de nombreux morts et blessés, alimentant la frustration et la colère de la population congolaise face à la répression coloniale et aux discriminations persistantes.
Le 30 juin 1960, la République du Congo (future République Démocratique du Congo) obtient officiellement son indépendance de la Belgique après des décennies de lutte anticoloniale et de tensions politiques croissantes. Ce jour historique est marqué par une cérémonie à Léopoldville, en présence du roi Baudouin de Belgique, des nouveaux dirigeants congolais, et d'une foule en liesse. Lors de cette cérémonie, Joseph Kasa-Vubu, leader du mouvement ABAKO et figure respectée du nationalisme congolais, prête serment comme premier président de la nouvelle république. À ses côtés, Patrice Lumumba, leader charismatique du Mouvement National Congolais (MNC), devient Premier ministre. Son discours vibrant et plein de défi lance un avertissement clair contre les injustices passées de la colonisation et inspire un profond sentiment de fierté et de dignité au sein de la population congolaise.
Cette période est marquée par une série de crises politiques et de conflits internes qui plongent le jeune État indépendent dans l'instabilité dès les premiers mois de son indépendance. Les aspirations d'un Congo uni et souverain sont rapidement mises à l'épreuve par les luttes de pouvoir entre les leaders politiques et les ingérences étrangères.
Moïse Tshombe, soutenu par des puissances occidentales et l’élite économique belge en raison des importantes réserves de minerais dans la province du Katanga. Cette sécession fragilise l’unité territoriale du Congo et remet en question l’autorité du gouvernement central de Léopoldville. Les Belges, soucieux de conserver leur emprise sur les richesses minières du Congo, voient dans cette secession come un moyen de maintenir leur influence économique.
Ce que Lumumba ignorait, c'était que sa vie même était en jeu. Quelques semaines après l'avoir accueilli à Washington, le gouvernement américain tenterait de le faire assassiner. Bien que le président Eisenhower ne se soit pas volontairement absenté de Washington, le gouvernement américain refusa délibérément d'accorder à Lumumba les honneurs dus à un chef d'État. Avant la visite, le secrétaire d'État Christian Herter avait décidé qu'une simple rencontre sans fonction sociale serait « le maximum » que l’on accorderait à Lumumba. La Belgique, encore irritée par la perte de sa colonie et exaspérée par Lumumba, était un membre clé de l'OTAN, et pour préserver les relations avec cet allié, les responsables américains avaient trouvé de nombreuses raisons de maintenir Lumumba à distance.
Le 14 septembre 1960, Mobutu organise un premier coup d'État, marquant un tournant décisif dans la crise politique congolaise. En écartant Lumumba de ses fonctions et en le plaçant en résidence surveillée, Mobutu met en place un gouvernement temporaire appelé le Collège des commissaires généraux, une administration civile composée de technocrates, destinée à stabiliser le pays. Dans un contexte de Guerre froide, Mobutu cherche à obtenir le soutien des puissances occidentales, notamment les États-Unis, en accusant Lumumba de sympathies pro-communistes, une stratégie qui renforce son image de défenseur de l’ordre face à la menace rouge. Cette accusation convainc les Américains, inquiets de l'influence croissante de l'Union soviétique en Afrique.
L'arrestation de Lumumba attire rapidement l'attention de la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, inquiet de la tournure des événements, appelle le président Kasavubu à offrir à Lumumba un procès équitable. Cependant, les tensions internationales montent rapidement. L'Union soviétique, un soutien de Lumumba, accuse Hammarskjöld et les puissances occidentales, notamment la Belgique et les États-Unis, d'être complices de l'emprisonnement de Lumumba. Le Kremlin demande sa libération immédiate et condamne l'ingérence étrangère dans les affaires du Congo.
Che Guevara, figure emblématique de la révolution cubaine, arrive au Congo pour soutenir la Rébellion Simba, un mouvement insurgé contre le gouvernement pro-occidental du Congo-Kinshasa. Après l'assassinat de Patrice Lumumba, Che voit le Congo comme un terrain fertile pour étendre la révolution socialiste en Afrique. Il collabore avec les rebelles menés par Laurent-Désiré Kabila et autres, mais la mission tourne rapidement à l'échec. Les Simba manquent de discipline, sont mal armés et désorganisés, ce qui frustre Che Guevara. Malgré ses efforts pour les former à la guérilla, il se heurte à des divisions internes et à l'absence de soutien populaire. Déçu par l'incapacité des insurgés à mener une lutte efficace, Che quitte le Congo après quelques mois, admettant l'échec de sa mission. Cette expérience marquera un tournant dans sa vision de la révolution, et il écrira plus tard à quel point cette aventure fut désillusionnante.
Le coup d'État est largement accueilli avec enthousiasme. Kasa-Vubu exprime sa gratitude envers Mobutu, tandis que Tshombe se dit « absolument enchanté » par cette prise de pouvoir. Les principaux syndicats du pays, tels que la CSLC, l'UTC et la FGTK, ainsi que les organisations étudiantes UGEC et AGL, soutiennent également ce nouveau régime. La population, congolaise et étrangère, accueille favorablement cette transition politique. À l'international, la Belgique et les États-Unis sont les premiers à reconnaître le nouveau gouvernement. En revanche, des réserves sont émises par la Chine, l'Union soviétique, et dans une moindre mesure, par la France.
Moïse Tshombe s'exile en Algérie. Mobutu demande son extradition afin de le ramener au Congo pour le faire exécuter, mais son appel est rejeté par les autorités algériennes. Quant à l'ancien Président Joseph Kasa-Vubu, déposé par Mobutu en 1965, il est placé en résidence surveillée jusqu’à sa mort, condamné à l'isolement politique. Avec l’élimination progressive de ses rivaux, Mobutu consolide peu à peu son emprise sur le pays. Antoine Gizenga, un autre leader politique influent, choisit l'exil pour éviter le même sort que ses confrères. En octobre 1968, Mobutu franchit un nouveau cap dans la consolidation de son pouvoir en ordonnant l'assassinat de Pierre Mulele, chef de la Rébellion Simba, qui est capturé, torturé et tué de manière atroce. La mort de Mulele symbolise la fin de toute opposition armée significative contre Mobutu. Dès lors, débarrassé de tous ses rivaux, il peut gouverner sans partage et imposer son régime dictatorial, soutenu en sous-main par les grandes puissances occidentales, intéressées par la stabilité du Congo pour des raisons économiques et géopolitiques. Mobutu, désormais maître incontesté du pays, inaugure une longue période de règne autoritaire qui marquera profondément l’histoire du Congo-Zaïre.
Jean Schramme et ses partisans nourrissaient un projet audacieux : s'emparer de la province du Kivu, ce territoire stratégique et enchanteur du Congo, pour y établir un bastion solide. Selon certains historiens, Schramme était animé par les aspirations de certains Belges nés au Congo qui souhaitaient ardemment rester en Afrique, à l'image des communautés blanches en Rhodésie et en Afrique du Sud. Le Kivu offrait un cadre idyllique pour concrétiser ce rêve, avec ses montagnes majestueuses enveloppées de brume, ses lacs scintillants reflétant le ciel africain et son climat de montagne doux et tempéré.
Particulièrement unique, le Kivu est la seule province congolaise à partager ses frontières avec cinq pays voisins : la Zambie par le lac Tanganyika, la Tanzanie, le Burundi, le Rwanda et l'Ouganda. Cette position géographique exceptionnelle conférait à la région une importance stratégique majeure. En plus de sa beauté naturelle époustouflante, le Kivu était riche en parcs touristiques luxuriants et possédait un potentiel économique considérable, notamment grâce à ses ressources naturelles abondantes.
En prenant le contrôle de cette région, Schramme espérait créer une enclave autonome, un refuge pour les colons blancs déterminés à maintenir leur présence sur le continent africain. Cette ambition prenait place dans un contexte tumultueux où l'instabilité politique et la montée des mouvements indépendantistes menaçaient de démanteler l'héritage colonial. Cette manœuvre, aussi audacieuse que controversée, sera plus tard vivement dénoncée par Mobutu Sese Seko à la tribune des Nations unies. Avec une ironie mordante, il déclara : « À l'Est du Zaire, dans la ville de Bukavu, un blanc venu d'Europe a tenté de reconquérir mon pays et s'est déclaré président de la république; si un Africain avait fait de même en Europe, on l'aurait pris pour un humoriste de mauvais goût ou un détraqué mental. » Par ces mots percutants, Mobutu soulignait non seulement l'absurdité de la situation, mais aussi les profondes injustices et incompréhensions héritées de la période coloniale.
Le Mouvement Populaire de la Révolution (Mouvement Populaire de la Révolution, MPR) n'était pas simplement un parti politique ; il était l'incarnation de la vision de Mobutu Sese Seko pour le Zaïre. Fondé le 20 mai 1967, le MPR a servi de parti unique légal pendant plus de deux décennies, s'entremêlant étroitement avec l'appareil d'État. Cet article explore les origines, la structure, les politiques et l'héritage du MPR, en mettant en lumière son rôle dans la formation du paysage politique de l'actuelle République démocratique du Congo.
Derrière cette façade de stabilité et de centralisation, le Zaïre de Mobutu était miné par une gestion économique chaotique et une corruption endémique. La politique de "Zaïrianisation", qui visait à transférer les actifs étrangers aux mains des citoyens zaïrois, s’est rapidement révélée être un échec économique. Le manque de compétences managériales et la mainmise des élites proches de Mobutu ont plongé le pays dans une crise économique profonde. L'effondrement des prix des matières premières, notamment le cuivre, a exacerbé les difficultés financières du régime. À la fin des années 1980, l’économie du Zaïre était en déclin, les infrastructures se dégradaient, et le mécontentement populaire grandissait face aux privations et aux violations des droits humains. En 1990, sous la pression de la communauté internationale et des protestations internes, Mobutu annonce la fin du système de parti unique, marquant ainsi le début de la libéralisation politique et la fin progressive de son régime autoritaire.
La Zaïrianisation avait pour objectif de nationaliser les actifs appartenant aux étrangers, notamment les commerces, les entreprises et les propriétés foncières, afin de les redistribuer aux citoyens zaïrois. Cependant, bien que cette politique visait à renforcer l'indépendance économique du Zaïre et à créer une classe entrepreneuriale zaïroise, elle a été marquée par des échecs dus à la corruption, au manque de compétences managériales et à une mauvaise planification. Les nouveaux propriétaires, souvent proches du régime, manquaient d’expérience et de formation pour gérer les entreprises nationalisées, ce qui a entraîné un effondrement de la production et une détérioration des infrastructures économiques. La Zaïrianisation a ainsi exacerbé les problèmes économiques du pays, aggravant la crise financière et contribuant à l’effondrement progressif du régime de Mobutu.
Pendant son discours, Mobutu a dénoncé les effets néfastes de la colonisation sur l'Afrique et souligné les déséquilibres persistants entre le Nord et le Sud. Mobutu a appelé les pays développés à reconnaître les droits des nations en développement et à cesser l'exploitation des ressources africaines. Il a également insisté sur l'importance pour les anciennes colonies de récupérer leur souveraineté totale sur leurs richesses naturelles, critiquant la dépendance économique imposée par les puissances occidentales. Ce discours a marqué son engagement pour une politique de non-alignement et a renforcé son image de leader panafricaniste défendant l'émancipation économique des pays du Tiers-Monde.
Muhammad Ali, ancien champion du monde des poids lourds, relevait le défi colossal de se mesurer à George Foreman, détenteur du titre et incontesté favori de ce combat. L’événement allait bien au-delà d’un simple affrontement sportif. Il incarnait des enjeux politiques, culturels et symboliques qui résonnaient à travers le monde entier. Cet affrontement, organisé par le promoteur Don King et soutenu par le président Mobutu Sese Seko, ne se résumait pas à une simple rencontre de boxe, mais représentait une démonstration de la fierté africaine et un message de résistance et de résilience. À cette époque, George Foreman était un adversaire redoutable, jeune et puissant, connu pour avoir démoli ses précédents challengers, y compris Joe Frazier. Muhammad Ali, quant à lui, venait de faire son retour sur le ring après plusieurs années de suspension pour son refus de participer à la guerre du Vietnam. Considéré par beaucoup comme l’outsider, Ali semblait avoir perdu de sa superbe d’autrefois. Pourtant, dans ce contexte unique de Kinshasa, il trouva l’inspiration et la détermination nécessaires pour triompher. Ali réussit un véritable exploit stratégique en adoptant une technique qui allait entrer dans l’histoire sous le nom de « Rope-a-Dope », utilisant les cordes pour encaisser les coups de Foreman et le fatiguer, avant de renverser la situation dans les derniers rounds. À la huitième reprise, Ali porta un coup décisif et mit Foreman K.O., s’appropriant ainsi le titre mondial et gravant son nom dans la légende de la boxe.
La Première Guerre du Shaba est un conflit majeur qui a opposé la République du Zaïre (aujourd'hui République Démocratique du Congo) et l'Angola en 1977. Ce conflit a trouvé ses racines dans les tensions régionales et les rivalités issues de la guerre civile angolaise, où le Zaïre, dirigé par Mobutu Sese Seko, avait soutenu des mouvements rebelles angolais, notamment le Front National de Libération de l'Angola (FNLA) et l'UNITA, contre le gouvernement angolais soutenu par le MPLA (Mouvement populaire de libération de l'Angola). Cette ingérence zaïroise dans les affaires intérieures angolaises a conduit à des représailles, marquant ainsi le début de l'invasion du Shaba. L'attaque du FNLC et la réponse militaire zaïroise entraînèrent de lourdes conséquences sur la province du Shaba et le pays dans son ensemble. Les combats causèrent un déplacement massif de civils, provoquant une crise humanitaire avec l'exode de réfugiés fuyant la violence. Par ailleurs, cette première guerre du Shaba révéla la vulnérabilité de l'État zaïrois face aux menaces internes et externes, exacerbant les tensions politiques et les faiblesses économiques du régime de Mobutu. En dépit de cette victoire militaire, l'instabilité persistante et les rancunes non résolues laissèrent la porte ouverte à une nouvelle attaque. En 1978, le FNLC lança une seconde invasion, déclenchant ainsi la Deuxième Guerre du Shaba, qui vint à nouveau ébranler la province et le régime de Mobutu.
Dans cette lettre, les parlementaires dénoncent la dérive autocratique du régime et appellent à une démocratisation du système politique, en se basant sur les principes énoncés dans le Manifeste de la Nsele. Ce document fondateur du MPR prévoyait, à l'origine, un système multipartite avec la création d'un second parti politique, comme stipulé à l’article 4 de la Constitution de 1967. En réponse à cette initiative courageuse, les treize signataires de la lettre sont rapidement arrêtés et, bien que graciés peu après, Mobutu choisit de les exiler chacun dans leurs provinces d'origine tout en révoquant leur mandat de commissaire du peuple. À leur retour à Kinshasa en 1981, ces parlementaires dissidents sont rejoints par d’autres citoyens zaïrois partageant leurs aspirations démocratiques. Ensemble, ils fondent le 15 février 1982 l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), en vertu des dispositions de la Constitution de 1967. Cependant, cette avancée vers la pluralité politique est brutalement réprimée : en mars de la même année, les principaux membres de l’UDPS sont arrêtés et condamnés à quinze ans de prison, témoignant des résistances du régime à toute forme de contestation.
Le 24 avril 1990, face à une pression croissante de la société civile, des mouvements d'opposition et de la communauté internationale, Mobutu Sese Seko prononce un discours emblématique où il annonce la fin du parti unique et l'ouverture au multipartisme. Ce discours, souvent appelé "Comprenez mon émotion", marque le début officiel de la transition démocratique au Zaïre (Bokamba, 1997). Ce geste est perçu par beaucoup comme une stratégie pour désamorcer les tensions sans véritablement céder le pouvoir. Mobutu cherche à maintenir son contrôle sur le processus de transition en offrant des concessions limitées (Nzongola-Ntalaja, 2002). En août 1991, la Conférence Nationale Souveraine est convoquée. Présidée par Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, elle réunit plus de 2 800 délégués représentant diverses composantes de la société zaïroise : partis politiques, syndicats, organisations religieuses et groupes ethniques (Tshiyembe, 1997). La CNS se déclare souveraine en mai 1992, affirmant ainsi son autorité sur les institutions existantes. Elle vise à restructurer l'État, rédiger une nouvelle constitution et préparer des élections démocratiques. Toutefois, Mobutu tente de limiter son influence, créant un climat de confrontation politique (Willame, 1992).
Avant 1994, le Zaïre sous le régime de Mobutu Sese Seko était déjà confronté à de profonds défis politiques et économiques. La corruption endémique, le népotisme et la centralisation du pouvoir avaient affaibli les structures étatiques. L'est du pays, riche en ressources naturelles telles que l'or, le coltan et les diamants, était une région marginalisée mais convoitée, avec des tensions ethniques latentes entre diverses communautés locales. En avril 1994, le gouvernement extrémiste hutu du Rwanda a orchestré un génocide qui a coûté la vie à environ 800 000 Tutsis et Hutus modérés en l'espace de cent jours. Lorsque le Front patriotique rwandais (FPR), majoritairement tutsi, a pris le contrôle du pays, plus d'un million de Hutus ont fui vers le Zaïre voisin. Parmi eux se trouvaient des civils effrayés, mais aussi des militaires et des miliciens impliqués dans le génocide. Le Zaïre, sous pression internationale, a ouvert ses frontières pour accueillir ces réfugiés. Cependant, l'absence de distinction entre les réfugiés innocents et les génocidaires a rapidement transformé les camps en bases arrière pour les ex-Forces armées rwandaises (FAR) et les milices Interahamwe. Ces groupes ont utilisé le territoire zaïrois pour lancer des incursions contre le nouveau gouvernement rwandais, déstabilisant davantage la région.
Pour beaucoup de Congolais, l’invasion de leur pays par les forces rwandaises, ougandaises et burundaises en 1996 n’aurait jamais pu avoir lieu sans l’approbation tacite de l'Occident, notamment les États-Unis. Cette campagne militaire, qui marqua le début de la Première guerre du Congo, a été perçue par certains comme une guerre par procuration, un écho aux interventions étrangères précédentes, notamment l’implication de la CIA et de la Belgique dans le renversement et l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961. Selon cette lecture, le renversement de Mobutu était orchestré non pas par les Congolais eux-mêmes, mais par des puissances étrangères cherchant à redessiner la carte politique de la région.
Un exemple frappant de cette ingérence fut la manière dont Laurent-Désiré Kabila, un ancien opposant exilé en Tanzanie, fut choisi pour diriger la rébellion de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). D’après des responsables ougandais, ce serait l’ancien président tanzanien Julius Nyerere qui aurait présenté Kabila à Museveni, soulignant le rôle central joué par des acteurs externes dans la sélection de celui qui allait devenir le nouvel homme fort du Congo. Ainsi, pour beaucoup, la décision de renverser Mobutu aurait été prise bien loin de Kinshasa, dans les couloirs de Washington, Kampala et Kigali.
Fait surprenant, malgré la légendaire réputation de l’armée de Mobutu, les officiers militaires rwandais ont plus tard admis qu’ils redoutaient initialement de se mesurer à cette armée. Pourtant, à leur grande surprise, ils purent traverser le Zaïre d’est en ouest sans rencontrer de résistance significative. L’armée de Mobutu, corrompue et mal payée, n’avait aucune motivation à se battre. De plus, Mobutu, gravement malade et soigné en Suisse, n’était plus en mesure de diriger efficacement son gouvernement. Cela laissa la voie libre aux forces rebelles, qui finirent par prendre Kinshasa et mettre un terme au règne de plus de 30 ans de Mobutu, marquant un tournant dans l’histoire de la région.
L’AFDL, grâce à l’appui militaire étranger, réussit à obtenir des victoires rapides et décisives contre les forces armées zaïroises, déjà affaiblies par des années de corruption et de négligence. Des villes clés comme Goma, Bukavu et Kisangani tombèrent rapidement aux mains des rebelles. Mobutu, malade et de plus en plus isolé, perdit le contrôle de son gouvernement. Alors que l’AFDL marchait vers Kinshasa, des tentatives de négociations furent lancées, notamment sous l'égide de la communauté internationale. Toutefois, ces efforts échouèrent face à la détermination de l'AFDL et à la faiblesse du régime de Mobutu. En mai 1997, les troupes de l’AFDL entrèrent à Kinshasa sans grande résistance. Mobutu s’enfuit en exil au Maroc, marquant la fin de son règne et l’instauration d’un nouveau gouvernement sous Laurent Kabila, qui rebaptisa le pays République Démocratique du Congo.
Les tensions entre Kabila et ses anciens alliés ne firent qu’augmenter après sa prise de pouvoir. Alors qu’au début Kabila devait beaucoup à l’aide militaire de Kigali et Kampala, il commença rapidement à se distancier de ces deux pays. Son gouvernement faisait face à une grogne populaire grandissante contre l’ingérence étrangère, particulièrement celle du Rwanda, perçue comme une force d’occupation.
Le ressentiment envers les troupes étrangères se mêlait à des ambitions politiques régionales. Kabila, cherchant à affirmer son indépendance, prononça en juillet 1998 l’expulsion des forces rwandaises du territoire congolais. Ce geste, bien que populaire parmi les Congolais, fut vu par le Rwanda et l’Ouganda comme une trahison. En réponse, Kigali et Kampala mirent rapidement sur pied un mouvement rebelle qui servirait leurs intérêts en RDC : le RCD.
La Deuxième Guerre du Congo, souvent qualifiée de "Première Guerre mondiale africaine", a été l'un des conflits les plus dévastateurs du continent, impliquant plusieurs pays et causant des millions de victimes. Au cœur de ce tumulte, l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, signé le 10 juillet 1999, représente un effort significatif pour restaurer la paix en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région des Grands Lacs. En analysant cet événement crucial, nous visons à stimuler la réflexion sur les défis de la paix en Afrique centrale et les leçons à tirer pour l'avenir. La Deuxième Guerre du Congo (1998-2003) trouve ses racines dans les bouleversements politiques qui ont suivi la chute du régime de Mobutu Sese Seko en 1997. Laurent-Désiré Kabila, soutenu par une coalition de forces étrangères, notamment le Rwanda et l'Ouganda, prend le pouvoir. Cependant, les relations entre Kabila et ses anciens alliés se détériorent rapidement, conduisant à une nouvelle rébellion soutenue par le Rwanda et l'Ouganda contre le régime de Kabila.
En juin 2000, la ville de Kisangani, située au nord-est de la République démocratique du Congo (RDC), a été le théâtre d'un conflit meurtrier entre les forces armées ougandaises et rwandaises. Cet affrontement, connu sous le nom de "Guerre des Six Jours", s'inscrit dans le cadre plus large de la Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), un conflit complexe impliquant plusieurs nations africaines. Bien que moins médiatisé que d'autres événements de la région, la Guerre des Six Jours a eu des conséquences dévastatrices pour la population civile de Kisangani. La Deuxième Guerre du Congo, parfois qualifiée de "guerre mondiale africaine", a vu l'intervention de neuf pays africains et de nombreuses factions rebelles. L'Ouganda et le Rwanda, initialement alliés dans le renversement du régime de Mobutu Sese Seko en 1997, ont rapidement développé des intérêts divergents en RDC, notamment en ce qui concerne l'exploitation des ressources naturelles.
Laurent-Désiré Kabila est assassiné à Kinshasa par l’un de ses gardes du corps. Cet assassinat, dont les motifs et les commanditaires restent flous, a suscité de nombreuses théories. Certains y voient la main de puissances étrangères, tandis que d’autres pointent des rivalités internes au sein du régime. Joseph Kabila, son fils, lui succéda rapidement, ouvrant une nouvelle ère dans la gouvernance congolaise. L’héritage de Kabila reste controversé. D’un côté, il est reconnu pour avoir mis fin à la dictature de Mobutu et ouvert une ère de transition vers un Congo post-Mobutu. D’un autre côté, sa présidence a été marquée par des guerres dévastatrices et une instabilité politique chronique. Néanmoins, son nom reste associé à la lutte pour la souveraineté du Congo et sa résistance aux influences étrangères, même si son projet de renaissance nationale est resté inachevé.
La succession de Joseph Kabila à la présidence de la RDC, à la suite de la mort mystérieuse de son père Laurent-Désiré Kabila, est un épisode complexe de l'histoire congolaise. Les controverses entourant cet événement rappellent tragiquement l'assassinat de Patrice Lumumba, soulignant les enjeux persistants de souveraineté, d'ingérence étrangère et de contrôle des ressources naturelles. Du point de vue congolais, ces événements sont perçus non seulement comme des tragédies nationales, mais aussi comme des symboles de la lutte continue pour l'indépendance et l'autodétermination. En explorant ces dynamiques historiques, il est possible de mieux comprendre les défis actuels et les aspirations du peuple congolais pour un avenir plus juste et souverain.
Le 2 avril 2003, l'Accord de Sun City fut signé entre certaines parties belligérantes de la Deuxième Guerre du Congo, marquant un tournant potentiel dans l'histoire tumultueuse de la République démocratique du Congo (RDC). Cet accord, résultat du Dialogue intercongolais (DIC), visait à mettre fin à plus de quatre années de guerre dévastatrice et à établir un gouvernement d'unité nationale. Cependant, malgré les espoirs suscités, l'accord n'a pas réussi à réunir toutes les factions en conflit, laissant des questions en suspens quant à son efficacité réelle. La Deuxième Guerre du Congo (1998-2003), souvent qualifiée de "guerre mondiale africaine", a impliqué neuf pays africains et une multitude de groupes armés. Les origines du conflit sont complexes, mêlant des enjeux ethniques, politiques et économiques, notamment le contrôle des vastes ressources naturelles de la RDC.
Les élections générales de 2006 en République démocratique du Congo (RDC) ont marqué un tournant historique pour un pays longtemps ravagé par des conflits armés et une instabilité politique chronique. Première consultation électorale libre et multipartite depuis l'indépendance en 1960, ce scrutin a suscité un immense espoir chez les Congolais et la communauté internationale quant à la possibilité de restaurer la paix et d'instaurer une démocratie durable. Cet article analyse en profondeur le contexte, l'organisation, le déroulement et les conséquences de ces élections, tout en mettant en lumière les défis persistants auxquels le pays fait face.
Depuis des décennies, l'est de la RDC est en proie à des conflits armés complexes, souvent alimentés par des tensions ethniques et des intérêts économiques et géopolitiques. Du point de vue de nombreux Congolais, les rébellions dirigées par certains Tutsis manipulés par Kigali, telles que le CNDP, sont perçues comme des instruments du Rwanda, soutenu par des pays occidentaux, pour déstabiliser la région et accéder aux vastes ressources naturelles du pays. Cette situation soulève des questions cruciales sur l'identité nationale, la manipulation ethnique transfrontalière, les enjeux géopolitiques régionaux et le rôle de la communauté internationale. La RDC est dotée de ressources naturelles abondantes, notamment en minerais stratégiques tels que le coltan, le cobalt, le cuivre et l'or. Ces ressources attisent les convoitises non seulement des pays voisins, mais aussi des puissances internationales et des multinationales (Autesserre, 2012). Les conflits dans l'est du Congo sont souvent liés à la lutte pour le contrôle de ces ressources, ce qui alimente les tensions et prolonge l'instabilité.
Du point de vue congolais, on pourrait se demander si le pays n'est pas victime d'une malédiction du caméléon. Depuis des décennies, nous voyons défiler des rébellions qui changent de nom plus vite que les saisons : AFDL, RCD, CNDP, M23... À ce rythme, il ne serait pas surprenant de voir apparaître le M24, le M25, et pourquoi pas le M365 pour chaque jour de l'année ! L'histoire de la RDC ressemble à une longue série télévisée à suspense, mais sans le bouton pour passer les publicités indésirables. De l'époque sombre de Léopold II, où le pays était le jardin personnel d'un roi avide, à l'instabilité chronique dans l'est du Congo, le peuple congolais a enduré plus que sa part de tragédies.
Pourtant, malgré les épreuves, nous gardons le sourire. Après tout, il faut bien un peu d'humour pour naviguer dans ce chaos. Comme le dit un proverbe congolais : "Quand on tombe, on ne regarde pas l'endroit où l'on est tombé, mais là où l'on a trébuché." Peut-être est-il temps pour nous de regarder où nous avons trébuché et d'éviter les mêmes obstacles à l'avenir. Les enjeux géopolitiques qui entourent notre pays sont aussi complexes qu'un plat de pondu bien mijoté. Le Rwanda semble jouer aux échecs avec nos frontières, pendant que la communauté internationale regarde la partie en sirotant du thé. Et nous, au milieu de tout cela, essayons de comprendre pourquoi, malgré la présence des Casques bleus depuis plus de 20 ans, la paix reste aussi insaisissable qu'un hippopotame dans le fleuve Congo.
Peut-être que le secret réside dans l'unité et la détermination du peuple congolais à reprendre son destin en main. Après tout, si nous avons survécu à Léopold II, aux dictatures, et aux rébellions à répétition, qui sait ce que nous pourrions accomplir en unissant nos forces ? Il est temps d'écrire notre propre scénario, sans caméléons ni marionnettistes. En attendant, continuons à danser au rythme du soukous, à célébrer notre riche culture et à espérer qu'un jour prochain, le soleil brillera sans entrave sur toute la RDC. Comme on dit chez nous, "Petit à petit, l'oiseau fait son nid." Et qui sait, peut-être que notre nid deviendra un jour un symbole de paix et de prospérité pour toute l'Afrique.
Les élections générales de 2011 en République Démocratique du Congo ont représenté un moment charnière pour le pays. Malgré les espoirs suscités, le processus électoral a été entaché de graves irrégularités et de controverses, mettant en évidence les défis majeurs auxquels la RDC est confrontée dans sa quête pour la démocratie. La crise post-électorale a souligné l'importance de bâtir des institutions fortes, transparentes et indépendantes, capables de garantir des élections crédibles. Pour que la RDC puisse réaliser son potentiel et assurer un avenir meilleur à ses citoyens, il est essentiel que les leçons de 2011 soient pleinement intégrées dans les réformes futures. La route vers la démocratie est longue et complexe, mais avec une volonté politique réelle, l'engagement de la société civile et le soutien de la communauté internationale, il est possible de surmonter les obstacles et de construire un système politique qui reflète véritablement la volonté du peuple congolais.
La Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (MONUSCO) a été créée en 2010, succédant à la MONUC. En 2013, face à la menace grandissante du M23, le Conseil de sécurité de l'ONU a autorisé le déploiement d'une Brigade d'intervention spéciale, dotée d'un mandat offensif unique pour « neutraliser » les groupes armés. Composée de troupes sud-africaines, tanzaniennes et malawites, cette brigade a collaboré étroitement avec les Forces armées de la RDC (FARDC) pour repousser le M23. Le conflit avec le M23 a été exacerbé par des accusations récurrentes d'ingérence du Rwanda et de l'Ouganda, accusés de soutenir le groupe rebelle en lui fournissant des armes, des munitions et des renforts. Des rapports de l'ONU ont pointé du doigt ces pays, bien qu'ils aient toujours nié toute implication. Cette dimension régionale du conflit complique les efforts de paix et souligne la nécessité d'une approche diplomatique concertée.
Le 31 décembre 2016, alors que le monde célébrait la nouvelle année, la République démocratique du Congo (RDC) vivait un moment décisif de son histoire politique. L'Accord de la Saint-Sylvestre, signé ce jour-là, visait à résoudre une crise politique profonde provoquée par le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila au-delà de son mandat constitutionnel. Cet accord, fruit de longues négociations sous l'égide de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), prévoyait l'organisation d'élections en 2017 et la nomination d'un Premier ministre issu de l'opposition. Pour rappel, Joseph Kabila accède à la présidence en 2001 après l'assassinat de son père, Laurent-Désiré Kabila. Il est élu en 2006 lors des premières élections démocratiques depuis l'indépendance, puis réélu en 2011 lors d'un scrutin controversé. La Constitution de 2006 limite le nombre de mandats présidentiels à deux, ce qui rend Joseph Kabila inéligible pour un troisième mandat à l'issue de son mandat actuel qui prend fin le 19 décembre 2016.
Denis Mukwege a grandi dans la ville de Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Il s'est formé comme médecin et est devenu gynécologue après avoir étudié en France. En 2008, il a fondé l'hôpital Panzi à Bukavu, où lui et son personnel ont soigné les blessures de milliers de femmes victimes de violences sexuelles. Des millions de personnes ont été tuées, abusées et forcées de fuir lors des guerres civiles qui ont ravagé la RDC depuis les années 1990. Les combats concernent principalement le contrôle des importantes matières premières de la RDC. Les forces gouvernementales comme les groupes rebelles ont utilisé le viol des femmes comme arme pour humilier et affaiblir leurs adversaires.
Mukwege est devenu l'un des principaux experts mondiaux dans le traitement des blessures internes subies par les femmes victimes de viols collectifs. Il a réalisé d'innombrables opérations, travaillant de longues journées pouvant aller jusqu'à 18 heures. C'est typiquement lorsqu'il se trouvait en salle d'opération qu'on lui a annoncé qu'il avait reçu le prix Nobel de la paix. Le travail de Mukwege est dangereux. En 2012, lui et sa famille ont survécu à une tentative d'assassinat, et sa vie a été menacée par des groupes déterminés à l'empêcher de condamner publiquement les atrocités. Malgré ces menaces, Mukwege a continué de critiquer le gouvernement de la RDC et la communauté internationale pour ne pas en faire assez afin de poursuivre les auteurs de ces crimes de guerre.
Martin Fayulu a contesté les résultats, affirmant que l'élection avait été truquée en faveur de Tshisekedi avec la complicité de Kabila. Des observateurs, notamment la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), ont également exprimé des doutes sur la véracité des résultats officiels. La Cour Constitutionnelle a rejeté les recours de Fayulu, validant la victoire de Tshisekedi. Cette décision a été critiquée par l'opposition, qui accusait la cour d'être sous influence du régime sortant. Les élections générales de 2018 en RDC représentent un moment charnière dans l'histoire du pays. Malgré les défis et les controverses, elles offrent une opportunité pour reconstruire le pays sur des bases démocratiques solides. L'engagement continu de toutes les parties prenantes sera essentiel pour réaliser le potentiel de la RDC et assurer un avenir prospère à ses citoyens.