Zaida Catalán et Michael Sharp
Biographie de Zaida Catalán et Michael Sharp : experts des Nations Unies tués en République Démocratique du Congo.
Biographie de Zaida Catalán et Michael Sharp : experts des Nations Unies tués en République Démocratique du Congo
Zaida Catalán et Michael Sharp : L’humanité derrière la tragédie en République Démocratique du Congo#
Le 12 mars 2017, la République Démocratique du Congo (RDC) a été témoin d’une tragédie qui a choqué la communauté internationale. Deux experts des Nations Unies, Zaida Catalán et Michael Sharp, envoyés pour enquêter sur les violations des droits humains au Kasaï, ont été brutalement assassinés dans le cadre de leur mission. Leur mort symbolise non seulement les dangers auxquels sont confrontés ceux qui défendent la vérité dans des environnements instables, mais aussi les profondes dynamiques de violence et d’impunité qui rongent la RDC depuis des décennies.
Zaida Catalán : La voix des opprimés
Zaida Catalán était bien plus qu’une experte des Nations Unies. Née en Suède en 1980 d’un père chilien et d’une mère suédoise, elle a grandi avec un fort sens de la justice sociale. Avocate de formation, elle s’est battue toute sa vie pour les droits des femmes, des enfants et des populations vulnérables. Ses missions précédentes en Palestine, en Afghanistan, et au sein de plusieurs organisations de défense des droits humains, ont forgé son engagement à exposer les injustices, même dans les zones les plus dangereuses. En tant qu’experte des Nations Unies, Catalán s’est rendue en RDC dans l’espoir de documenter les violations des droits humains dans la région du Kasaï, une région en proie à des conflits entre milices et forces gouvernementales.
Michael Sharp : L’artisan de la paix
Michael Sharp, Américain né en 1982, avait dédié sa carrière à la résolution des conflits et à la réconciliation dans les zones de guerre. Son engagement chrétien au sein des Mennonites, une organisation pacifiste, l’avait conduit à travailler au cœur de l’Afrique, où il a œuvré pour la démobilisation et la réintégration des anciens combattants dans la société civile. Vivant en RDC depuis plusieurs années, Sharp avait développé une compréhension fine des dynamiques de violence, gagnant la confiance des acteurs locaux. Son travail visait à désamorcer les tensions et à construire des ponts dans un environnement où la méfiance régnait. Il croyait fermement que la paix pouvait être atteinte, même dans les circonstances les plus difficiles.
Leur assassinat : Un choc mondial
Leur mission au Kasaï avait pour but d’enquêter sur des allégations de graves violations des droits humains commises par la milice Kamuina Nsapu et les forces armées congolaises. Cependant, leur engagement pour la vérité leur a coûté la vie. Leurs corps ont été retrouvés quelques jours après leur enlèvement, jetés dans une fosse commune, victimes d’une exécution brutale. Cette tragédie a mis en lumière les dangers auxquels sont exposés les défenseurs des droits humains en RDC, un pays où la violence et l’impunité semblent insurmontables.
Pour beaucoup, la mort de Catalán et Sharp est un symbole de l’impunité qui règne en RDC. Depuis leur assassinat, plusieurs enquêtes ont été menées, notamment par les Nations Unies, qui ont confirmé l’implication de la milice Kamuina Nsapu. Cependant, des questions persistent sur la possible complicité des forces de sécurité congolaises, qui n’ont pas été suffisamment tenues responsables de cette tragédie (UN Security Council, 2018).
Les racines profondes de l’instabilité en RDC
Comprendre l’assassinat de Catalán et Sharp nécessite de replacer cette tragédie dans un contexte plus large : celui de l’instabilité chronique en RDC. Depuis son indépendance en 1960, la RDC a été déchirée par des conflits internes, exacerbés par l’exploitation des vastes ressources naturelles du pays. L’assassinat de Patrice Lumumba, premier Premier ministre du pays, et la sécession de la province du Katanga ont marqué le début de décennies d’instabilité politique. Ce chaos a également coûté la vie à Dag Hammarskjöld, Secrétaire général de l’ONU, mort dans un crash d’avion en 1961 alors qu’il tentait de négocier la paix pendant la crise katangaise (Williams, 2016).
Les conflits au Kasaï, où Catalán et Sharp enquêtaient, sont un prolongement de cette longue histoire de violence. La milice Kamuina Nsapu s’est rebellée contre le gouvernement central, entraînant des affrontements violents qui ont déplacé des milliers de personnes et causé d’innombrables pertes en vies humaines (Human Rights Watch, 2017). Les efforts de Catalán et Sharp visaient à exposer ces violations dans l’espoir que la communauté internationale puisse y répondre. Leur mort illustre cependant la difficulté de rétablir la paix dans un pays où les intérêts économiques et politiques priment souvent sur la justice et les droits humains.
Réactions des Congolais et des organisations civiles : Filimbi, La Voix des Sans Voix, Denis Mukwege, et l'Église Catholique
L’assassinat de Zaida Catalán et Michael Sharp en 2017 a provoqué une onde de choc non seulement à l’échelle internationale, mais aussi au sein de la société congolaise. Ces experts des Nations Unies enquêtaient sur les violations des droits humains dans une région déjà ravagée par la violence. La société civile congolaise, représentée par des organisations comme Filimbi, La Voix des Sans Voix (VSV), ainsi que des figures emblématiques telles que Denis Mukwege et l’Église catholique, a réagi avec indignation, dénonçant non seulement ces assassinats, mais aussi le climat d’impunité qui perdure dans le pays.
Réactions des organisations de la société civile#
Filimbi : L’appel à la jeunesse pour une justice sociale
Filimbi, un mouvement citoyen congolais, connu pour son activisme en faveur des droits civiques et de la bonne gouvernance, a immédiatement dénoncé l’assassinat de Catalán et Sharp comme un exemple de l’échec flagrant du gouvernement congolais à protéger non seulement ses propres citoyens, mais aussi ceux qui viennent de l’extérieur pour défendre les droits humains. Pour Filimbi, cet incident met en lumière la nécessité de réformes radicales du système judiciaire en RDC. Ils ont appelé la jeunesse congolaise à se mobiliser et à exiger plus de transparence et de justice, soulignant que l’impunité ne fait qu’encourager de nouvelles violences.
La Voix des Sans Voix (VSV) : Un plaidoyer contre l’impunité
La Voix des Sans Voix (VSV), une organisation pionnière dans la défense des droits humains en RDC, a été parmi les premières à exprimer sa colère face à l’assassinat des deux experts de l’ONU. La VSV a fermement condamné cet acte et a réclamé une enquête internationale indépendante pour identifier et punir les responsables. Ils ont également souligné que cet incident reflète un climat généralisé de terreur où les défenseurs des droits humains, qu’ils soient congolais ou étrangers, sont constamment menacés. Selon la VSV, ces assassinats témoignent de la fragilité des institutions de l’État et de leur incapacité à garantir la sécurité de ceux qui cherchent à faire éclater la vérité.
Mouvement Citoyen : Une dénonciation de la gestion des crises
Le Mouvement Citoyen, un collectif d’organisations congolaises, a critiqué l’incapacité du gouvernement à sécuriser les zones de conflit et à mettre un terme aux violations des droits humains. Selon eux, l’assassinat de Catalán et Sharp est symptomatique de la gestion désastreuse des crises par l’État. En appelant à une plus grande responsabilisation du gouvernement, le Mouvement Citoyen a insisté sur la nécessité de réformer les forces armées et de mettre fin à la complicité entre l’armée congolaise et les groupes armés qui terrorisent les populations civiles.
Réactions des figures emblématiques et institutions congolaises#
Denis Mukwege : Un cri pour la justice
Le Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix et défenseur des droits des femmes victimes de violences sexuelles en RDC, a également réagi avec force à cette tragédie. Pour Mukwege, l’assassinat de Catalán et Sharp n’est qu’un exemple supplémentaire de l’incapacité de l’État congolais à protéger les défenseurs des droits humains. Il a dénoncé les autorités pour leur manque de volonté à enquêter de manière impartiale sur ces crimes, tout en appelant la communauté internationale à ne pas détourner le regard face à ces meurtres. Mukwege a utilisé cette occasion pour renouveler ses appels à une réforme judiciaire en RDC, affirmant que la paix ne pourra être rétablie tant que les responsables des violences ne seront pas traduits en justice.
L’Église catholique : Une voix puissante pour la paix et la justice
L’Église catholique, une institution influente en RDC, a également pris position après la mort des deux experts de l’ONU. Le Conseil Épiscopal National du Congo (CENCO), qui s’est régulièrement exprimé sur les questions de paix et de justice dans le pays, a dénoncé avec vigueur cet acte brutal. Pour l’Église, la mort de Catalán et Sharp est un symbole tragique de l’effondrement moral et sécuritaire en RDC. Le CENCO a souligné que la violence et l’impunité sont les conséquences directes d’un système politique corrompu qui refuse de répondre aux aspirations légitimes de paix et de justice du peuple congolais. Ils ont appelé à des prières pour les victimes tout en exhortant le gouvernement à mener des enquêtes sérieuses et impartiales.
Le rôle de la société civile congolaise dans la quête de justice#
La réaction immédiate et unanime de la société civile congolaise montre que, malgré l’instabilité et l’impunité, il existe des voix puissantes qui continuent de se battre pour la justice en RDC. Les assassinats de Catalán et Sharp ont non seulement provoqué l’indignation, mais ont également galvanisé un mouvement plus large pour la réforme et la transparence. Leurs morts ont révélé que la RDC ne souffre pas seulement de conflits armés, mais aussi d’une crise morale où l’État ne parvient pas à protéger ni à responsabiliser les coupables. Ce moment tragique a donc renforcé l’engagement de la société civile congolaise à faire entendre sa voix dans la lutte pour la justice et les droits humains.
La communauté internationale face à ses responsabilités#
La mort de Catalán et Sharp, tout comme celle de Dag Hammarskjöld des décennies plus tôt, met en lumière les défis auxquels sont confrontées les Nations Unies et la communauté internationale dans leur quête de paix en RDC. L’absence de responsabilité pour ces assassinats témoigne des limites des efforts internationaux pour résoudre les crises en RDC. La communauté internationale doit non seulement intensifier ses efforts pour garantir que justice soit rendue, mais aussi soutenir les initiatives locales de paix et de justice. La collaboration avec la société civile congolaise est essentielle pour mettre fin à l’impunité et pour garantir que de telles atrocités ne se reproduisent plus.
Conclusion : Transformer la tragédie en un appel à l’action#
Le sacrifice de Zaida Catalán et Michael Sharp ne doit pas être oublié. Ils ont donné leur vie pour défendre la vérité et protéger les droits des personnes les plus vulnérables. Leur mort, bien que tragique, doit servir de catalyseur pour renforcer les efforts internationaux visant à mettre fin à l’impunité en RDC. La communauté internationale, les Nations Unies et les autorités congolaises doivent travailler ensemble pour s’assurer que justice soit rendue, non seulement pour Catalán et Sharp, mais pour toutes les victimes des violences en RDC.
La paix en RDC, bien que difficile à atteindre, n’est pas impossible. Leurs assassinats doivent servir de rappel que la lutte pour la justice et la vérité nécessite courage, persévérance et une mobilisation collective, tant au niveau local qu’international.
Références:#
Human Rights Watch. (2017). Democratic Republic of Congo: New Wave of Violence in Kasaï. https://www.hrw.org/news/2017/03/20/democratic-republic-congo-new-wave-violence-kasai
UN Security Council. (2018). Final Report of the Group of Experts on the Democratic Republic of the Congo. https://undocs.org/S/2018/531
Williams, S. (2016). Who Killed Hammarskjöld? The UN, the Cold War, and White Supremacy in Africa. Hurst Publishers.
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