Biographie de Norbert Basengezi Katintima

Norbert Basengezi Katintima : Parcours Politique et Défis#

Introduction:

Norbert Basengezi Katintima, né le 10 janvier 1958 à Kashimaro-Kaziba, dans le Sud-Kivu, République Démocratique du Congo (RDC), est une personnalité politique influente. Avec une carrière qui s’étend sur plusieurs décennies, il a occupé divers postes clés : député national, gouverneur, ministre et surtout vice-président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), rôle dans lequel il a supervisé des élections majeures, y compris celles de 2018. Pourtant, sa carrière est marquée par des controverses, notamment en raison des sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne, qui l’accusent de contribuer à des pratiques électorales non démocratiques.

1. Contexte et Début de Carrière:

Né dans une région instable, Katintima a grandi au milieu des tensions sociales et politiques, qui ont façonné son engagement. Dans les années 1990, il participe à la Conférence nationale souveraine (CNS), un événement central pour la transition démocratique en RDC (Nzongola-Ntalaja, 2002). Ce forum, tenu à Kinshasa de 1990 à 1992, réunit des leaders de tous horizons pour discuter de l’avenir politique du pays. Son implication au Haut Conseil de la République – Parlement de Transition (HCR-PT) en tant que député national marque ses premiers pas significatifs dans la vie politique.

2. Gouverneur du Sud-Kivu : Une Gestion de Crise Permanente:

En octobre 1998, Katintima est nommé gouverneur de la province du Sud-Kivu, un rôle qu’il conserve jusqu’en juin 2002. Son mandat survient en pleine Deuxième Guerre du Congo, un conflit qui déstabilise la région et nécessite une gestion rigoureuse et pragmatique. En tant que gouverneur, il adopte des mesures pour protéger la population civile, bien que son administration soit critiquée pour son manque de transparence (Mutamba, 2019).

3. Le Rôle Controversé à la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI):

3.1 Les Missions de la CENI et les Défis Électoraux:#

Nommé vice-président de la CENI en 2015, Katintima occupe une position cruciale dans l’organisation des élections en RDC. Son objectif est de renforcer la transparence et la légitimité du processus électoral. Cependant, l’élection présidentielle de 2018 devient une source majeure de controverses. De nombreux observateurs internationaux et nationaux, tels que Human Rights Watch (HRW), accusent la CENI de manipulations et d’irrégularités, notamment dans le décompte des voix et la transparence des résultats (HRW, 2019).

La déclaration de Katintima sur les élections, affirmant que « tout a été fait pour garantir l’intégrité du processus », est contredite par des rapports indiquant des retards, des interruptions de connexion internet, et des zones où les résultats n’ont pas pu être vérifiés de manière indépendante (Al Jazeera, 2018).

3.2 Les Élections de 2018 : Un Tournant et des Accusations de Fraude:#

Les élections de 2018 marquent un tournant pour la RDC et pour la carrière de Katintima. La victoire déclarée de Félix Tshisekedi est perçue par certains comme le résultat d’un compromis politique plutôt que d’une élection libre et équitable. En dépit des efforts de la CENI pour justifier le processus, de nombreuses voix s’élèvent, notamment l’Union Européenne et les États-Unis, qui imposent des sanctions à Katintima et d’autres membres de la CENI pour leur rôle présumé dans la manipulation du scrutin (US Treasury, 2019).

« Les sanctions montrent la gravité des accusations contre la CENI et ses responsables, qui ont échoué à offrir une élection réellement démocratique à la RDC » (European Union, 2019).

4. Implications des Sanctions Internationales:

Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne limitent la liberté de mouvement et les avoirs de Katintima dans ces juridictions. Elles constituent un signal fort de la communauté internationale sur le besoin de réformes dans la gestion électorale de la RDC. Ces sanctions affectent également la crédibilité de Katintima et de la CENI, qui est désormais perçue par une partie de la population congolaise comme un instrument au service du pouvoir en place (Africa Confidential, 2019).

5. Contribution au Secteur Agricole:

En tant que ministre de l’Agriculture dans les gouvernements Muzito I et II (2008-2011), Katintima lance des programmes de soutien aux agriculteurs congolais pour améliorer la production nationale. Ces initiatives incluent des projets de micro-financement et de modernisation des infrastructures agricoles, bien que leurs impacts réels soient difficiles à mesurer en raison de la corruption et de la mauvaise gestion (FAO, 2011).

Conclusion:

La biographie de Norbert Basengezi Katintima reflète les défis de la politique congolaise, un domaine marqué par les conflits, la corruption et les luttes de pouvoir. Bien qu’il ait occupé des postes stratégiques, son héritage est obscurci par des accusations de fraude électorale et les sanctions internationales qui pèsent sur lui. La situation de Katintima souligne l’importance d’une réforme structurelle de la CENI et la nécessité d’une gouvernance plus transparente en RDC pour garantir un avenir démocratique au pays.

Références:

• Al Jazeera. (2018). Congo Election Results Under Scrutiny. Lien.
• Human Rights Watch. (2019). Democratic Republic of Congo: Events of 2018.
• European Union. (2019). Sanctions on CENI Officials. Brussels.
• Nzongola-Ntalaja, G. (2002). The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History.