Biographie de Patrice Djamboleka Lona Okitongono

Biographie de Patrice Djamboleka Lona Okitongono : Ancien Gouverneur de la Banque Centrale du Zaïre#

Introduction

Patrice Djamboleka Lona Okitongono, né le 21 février 1946 à Bukavu dans la province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo (RDC), est un économiste de formation et une figure importante de la finance publique congolaise. Gouverneur de la Banque Centrale du Zaïre (BCZ), aujourd’hui Banque Centrale du Congo (BCC), de 1995 à 1997, il a été nommé à ce poste dans une période de forte instabilité économique marquée par des défis monétaires, l’hyperinflation, et des tensions politiques. Son parcours illustre les complexités économiques de la RDC dans les années 1980 et 1990 et met en lumière l’engagement d’un fonctionnaire dévoué pour stabiliser les finances publiques de son pays.

Cette biographie revient sur les principales étapes de sa carrière, ses contributions dans la gestion économique de la RDC, et l’impact de son mandat à la Banque Centrale en période de crise économique.

Jeunesse et Formation

Originaire de la région du Sankuru dans l’ancienne province du Kasaï-Oriental, Djamboleka Lona Okitongono a grandi dans un contexte où la RDC, alors en pleine transition post-coloniale, voyait émerger une nouvelle génération de cadres économiques. En 1968, il obtient son diplôme d’État en littéraire avant de poursuivre des études en sciences économiques. En juillet 1972, il décroche un diplôme de licence en sciences économiques à l’Université de Louvain (aujourd’hui l’Université de Kinshasa), institution renommée pour sa formation rigoureuse. Cette éducation lui a permis d’acquérir des connaissances approfondies en économie, qu’il appliquera tout au long de sa carrière dans la gestion des finances publiques congolaises (Université de Kinshasa, 1972).

Carrière dans les Finances Publiques

1. Début de carrière comme Inspecteur des Finances

La carrière de Djamboleka débute en 1972 lorsqu’il est nommé inspecteur des finances et attaché au cabinet du Commissaire d’État aux Finances. Ce poste, qu’il occupe jusqu’en 1974, lui permet de se familiariser avec la gestion des finances publiques et de prendre la mesure des défis budgétaires auxquels le pays est confronté (Ministère des Finances, 1974). Sa capacité à gérer des dossiers financiers complexes lui permet d’évoluer rapidement au sein du ministère, et il est nommé conseiller, puis conseiller principal au cours des années qui suivent.

2. Expérience à l’Office de Gestion de la Dette Publique (OGEDEP)

En 1983, il devient Président-Délégué Général de l’Office de Gestion de la Dette Publique (OGEDEP), une institution clé dans la gestion de la dette extérieure de la RDC, alors considérée comme un des plus grands défis économiques du pays. À ce poste, Djamboleka est chargé de la coordination des négociations de la dette avec les créanciers internationaux, et de la mise en place de politiques visant à réduire l’endettement du pays (OGEDEP, 1985). Ses actions ont permis d’améliorer temporairement la gestion de la dette, bien que la situation économique et politique du Zaïre ait rendu difficile la réduction de cette dette à long terme.

Nomination au Poste de Gouverneur de la Banque Centrale (1995-1997)

Le 16 janvier 1995, Djamboleka Lona Okitongono est nommé gouverneur de la Banque Centrale du Zaïre par le gouvernement de Mobutu Sese Seko. Il succède à Godefroid Ndiang Kabul dans un contexte de crise financière sévère, où l’économie zaïroise est marquée par une hyperinflation galopante et une dévaluation rapide de la monnaie nationale. Le mandat de Djamboleka coïncide avec la dernière phase de la dictature de Mobutu, une période d’instabilité politique intense qui rend la gestion économique particulièrement difficile (Banque Centrale du Zaïre, 1995).

Réalisations et Contributions en tant que Gouverneur de la Banque Centrale

1. Lutte contre l’Hyperinflation

L’une des priorités de Djamboleka en tant que gouverneur a été de tenter de maîtriser l’hyperinflation, qui avait atteint des niveaux historiques au Zaïre dans les années 1990. Il a mis en place des mesures de resserrement monétaire et des politiques de contrôle des prix pour tenter de contenir la hausse des prix. Cependant, les effets de ces mesures étaient limités par l’instabilité politique et la crise de confiance dans le gouvernement de Mobutu, qui minait l’efficacité des politiques monétaires de la Banque Centrale (Nzongola-Ntalaja, 2002).

2. Gestion de la Dévaluation de la Monnaie

Djamboleka a dû faire face à une dévaluation rapide de la monnaie zaïroise, exacerbée par une fuite des capitaux et une économie informelle en expansion. Il a cherché à stabiliser la monnaie en limitant les émissions monétaires et en renforçant la supervision bancaire, bien que ces efforts aient été entravés par les faibles réserves de devises et le manque de soutien politique pour des réformes profondes.

3. Réformes bancaires pour améliorer la transparence

Djamboleka a introduit plusieurs réformes destinées à améliorer la transparence des opérations bancaires au sein de la Banque Centrale et à accroître la confiance dans le système bancaire du Zaïre. Il a encouragé l’adoption de meilleures pratiques de gouvernance et de régulation bancaire, même si l’instabilité généralisée a rendu difficile la mise en œuvre efficace de ces réformes (Banque Mondiale, 1997).

Sources : Banque Centrale du Zaïre (1995), Banque Mondiale (1997)

Fin de Mandat et Succession

Le mandat de Djamboleka prend fin le 17 mai 1997, dans un contexte de transition politique alors que Laurent-Désiré Kabila prend le pouvoir et rebaptise le pays en République Démocratique du Congo. Il est remplacé par Jean-Claude Masangu Mulongo, qui hérite des défis économiques et financiers que Djamboleka avait tentés de contenir. Cette transition symbolise également la fin de l’ère Mobutu et le début d’une nouvelle phase pour l’économie congolaise, marquée par des tentatives de reconstruction et de réformes économiques.

Impact et Héritage

Le mandat de Patrice Djamboleka Lona Okitongono à la tête de la Banque Centrale du Zaïre a été marqué par des défis économiques sans précédent. Bien que ses tentatives pour maîtriser l’hyperinflation et stabiliser la monnaie aient rencontré des obstacles considérables, ses efforts en matière de régulation bancaire et de transparence ont jeté les bases pour des réformes futures. Son passage à la Banque Centrale reste un exemple de leadership dans un contexte de crise, et son expérience dans la gestion des finances publiques de la RDC continue d’inspirer les économistes et les décideurs politiques.

Conclusion

Patrice Djamboleka Lona Okitongono incarne la résilience dans la gestion économique en période de crise. Son mandat, bien que limité par les défis politiques et structurels du Zaïre de l’époque, représente une étape importante dans l’histoire de la Banque Centrale de la RDC. Aujourd’hui, son parcours est étudié pour mieux comprendre les dynamiques de crise dans les économies africaines et les défis de la régulation monétaire dans des contextes de forte instabilité.

Références

• Banque Centrale du Zaïre. (1995). Rapport Annuel sur la Politique Monétaire. Kinshasa : BCZ.
• Banque Mondiale. (1997). Rapport de l’économie zaïroise : Analyse de la transition. Washington, D.C. : BM.
• Ministère des Finances. (1974). Historique des réformes financières en RDC. Kinshasa : Ministère des Finances.
• Nzongola-Ntalaja, G. (2002). The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History. London : Zed Books.
• Université de Kinshasa. (1972). Anciens diplômés et parcours d’excellence. Kinshasa : Unikin.

Liens utiles pour approfondir

• Banque Centrale du Congo : www.bcc.cd
• Rapport de la Banque Mondiale sur l’économie zaïroise : www.worldbank.org/fr/country/drc/publication