La Biographie d’Antoine Gizenga
Cette biographie a été rédigée en tenant compte des perspectives congolaises et s'appuie sur des sources fiables pour fournir une vue complète de la vie et de l'héritage d'Antoine Gizenga.
Un Pilier du Lumumbisme en RDC
Introduction#
Antoine Gizenga (5 octobre 1925 – 24 février 2019) fut une figure emblématique de la politique congolaise, servant comme Premier ministre de la République Démocratique du Congo (RDC) du 30 décembre 2006 au 10 octobre 2008. Secrétaire général du Parti Lumumbiste Unifié (PALU), il a consacré sa vie à poursuivre l’héritage politique de Patrice Lumumba, prônant le nationalisme et le panafricanisme.
Jeunesse et Formation#
Antoine Gizenga est né le 5 octobre 1925 dans le petit village de Mbanza, dans l’actuelle province du Kwilu, en RDC (Kabwit, 1979). Il a fréquenté une école primaire missionnaire catholique et a poursuivi ses études secondaires aux séminaires de Kinzambi et Mayidi. Ordonné prêtre catholique en 1947, il a servi dans une paroisse de sa région natale du Kwilu. Il a quitté la prêtrise pour des raisons personnelles et a occupé plusieurs postes administratifs et comptables. Après un bref passage dans les forces de l’ordre du gouvernement colonial, Gizenga est devenu enseignant dans une école secondaire catholique. Il s’est marié avec Anne Mbuba, avec qui il a eu quatre enfants (Gizenga, 2006).
Début de Carrière Politique#
Inspiré par les idées nationalistes et panafricanistes de Patrice Lumumba, co-fondateur du Mouvement National Congolais (MNC), Gizenga a contribué à organiser le Parti Solidaire Africain (PSA), ouvertement de gauche (Nzongola-Ntalaja, 2002). Il est rapidement devenu le leader du parti. Après l’indépendance et les élections libres de 1960, Gizenga est devenu vice-Premier ministre du nouveau gouvernement de la République du Congo.
Plus d’informations sur le PSA peuvent être trouvées ici.
Gouvernement de Stanleyville#
En septembre 1960, le président Joseph Kasa-Vubu a destitué Lumumba et Gizenga de leurs postes pour avoir impliqué l’Union soviétique dans la Crise congolaise. Lumumba a protesté, entraînant une impasse gouvernementale. Un coup d’État mené par le colonel Joseph Mobutu a politiquement incapacités Lumumba et le président, bien que Mobutu ait rapidement établi une relation de travail avec ce dernier. Gizenga a rejeté le nouveau gouvernement et a quitté Léopoldville pour Stanleyville le 13 novembre pour former son propre gouvernement (Weissman, 1974).
Le 12 décembre, il a déclaré son gouvernement, la République Libre du Congo, comme étant l’autorité légitime du pays (Young, 1965). Lumumba a tenté de le rejoindre mais a été arrêté et finalement exécuté au Katanga en janvier 1961. Le gouvernement de Gizenga a persisté pendant la moitié de l’année et a obtenu la reconnaissance diplomatique de l’Union soviétique, de la Chine et de l’Égypte, bien qu’il n’ait reçu aucun soutien logistique.
Des détails supplémentaires sur cette période sont disponibles ici.
Retour au Gouvernement Central#
En août 1961, Gizenga a accepté de réintégrer le gouvernement régulier du Congo en tant que vice-Premier ministre, désormais sous la direction de Cyrille Adoula. Cependant, il est resté à Stanleyville, se méfiant de l’influence occidentale sur Adoula et de sa volonté de négocier avec le leader sécessionniste Moïse Tshombe (Hoskyns, 1965). Il a dénoncé Adoula et a déclaré que le gouvernement commettait une trahison.
En janvier 1962, l’Assemblée congolaise a exigé que Gizenga revienne à Léopoldville pour répondre aux accusations portées contre lui pour avoir dirigé un gouvernement rebelle. Il a refusé, affirmant qu’il ne reviendrait que lorsque la sécession du Katanga serait résolue. Gizenga a tenté d’arrêter le commandant en chef de l’Armée Nationale Congolaise, Victor Lundula, et un fonctionnaire de l’ONU, ce qui a conduit à son arrestation par les troupes de l’ONU et du Congo (Kanza, 1994).
Il a été placé en résidence surveillée et finalement emprisonné sur l’île de Bula Mbemba, à l’embouchure du fleuve Congo. En juillet 1964, Tshombe est devenu Premier ministre et, dans une tentative de réconciliation politique, a ordonné la libération de Gizenga. Cependant, Gizenga a rapidement organisé un parti lumumbiste et a dénoncé la gestion par Tshombe de la rébellion Simba, ce qui a conduit à sa mise en résidence surveillée en septembre (Schatzberg, 1991).
Exil et Retour#
Mobutu a pris le pouvoir lors d’un coup d’État en novembre 1965, libérant ainsi Gizenga (Turner, 2007). Il s’est exilé au Congo-Brazzaville, puis a poursuivi des études de doctorat en sciences politiques à Moscou. Au cours des années suivantes, Gizenga a voyagé en Égypte, en Guinée, au Mali et au Ghana pour solliciter un soutien pour le mouvement anti-Mobutu, sans grand succès. Il a finalement vécu au Canada avant de retourner au Congo en 1992, après que Mobutu ait commencé à démocratiser le pays (Gizenga, 2006).
Fondation du PALU et Retour en Politique#
En 1993, Gizenga a consolidé les organisations lumumbistes en créant le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) (Réseau Documentaire International sur la Région des Grands Lacs Africains, 2019). Bien que le parti ait eu peu de membres, Gizenga a gagné le respect pour son opposition historique à Mobutu. Il a soutenu la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997, qui a rebaptisé le pays en République Démocratique du Congo. Cependant, il s’est rapidement opposé à la gouvernance de Kabila.
Plus d’informations sur le PALU sont disponibles ici.
Premier Ministre (2006-2008)#
Élection Présidentielle de 2006#
Gizenga s’est présenté comme candidat du PALU à l’élection présidentielle de juillet 2006. Selon les résultats provisoires du 20 août, il est arrivé en troisième position avec 13,06 % des voix, derrière Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba (Commission Électorale Nationale Indépendante, 2006). Le 30 septembre 2006, Gizenga a signé un accord de coalition avec l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) de Kabila, en échange du poste de Premier ministre.
Nomination au Poste de Premier Ministre#
Après la victoire de Kabila, Gizenga a été nommé Premier ministre le 30 décembre 2006 (Radio Okapi, 2006). Son gouvernement, composé de 59 membres, a été annoncé le 5 février 2007. Il a travaillé sur des programmes visant à reconstruire le pays après des années de conflit, se concentrant sur la réhabilitation des infrastructures et la promotion de la paix.
Tableau 1 : Positions Clés Occupées par Antoine Gizenga#
Période | Position |
---|---|
1960 | Vice-Premier ministre |
1961 | Chef du gouvernement de Stanleyville |
2006 – 2008 | Premier ministre |
1993 – 2019 | Secrétaire général du PALU |
Démission#
Le 25 septembre 2008, Gizenga a soumis sa démission à Kabila, invoquant son âge avancé (82 ans) et sa santé déclinante (Le Potentiel, 2008). Il a déclaré : « Pour tout homme, même si vous êtes sain et alerte, votre corps a des limites que vous devez reconnaître ». Son successeur, Adolphe Muzito, également membre du PALU, a été nommé le 10 octobre 2008.
Fin de Vie et Décès#
Après sa démission, Gizenga a repris ses fonctions de secrétaire général du PALU jusqu’à sa mort. Le 24 février 2019, Antoine Gizenga est décédé à Kinshasa à l’âge de 93 ans (Actualite.cd, 2019). Sa disparition a suscité une vague d’hommages, reconnaissant son dévouement à la nation et son rôle dans l’histoire politique de la RDC.
Contributions et Héritage#
Reconnaissance Nationale#
Le 30 juin 2009, le président Kabila a désigné Gizenga comme Héros National, la plus haute distinction de la RDC. Son admission à l’Ordre des Héros Nationaux Kabila-Lumumba en a fait son seul membre vivant à l’époque, lui accordant divers privilèges, dont un paiement mensuel équivalent au salaire d’un Premier ministre (Agence Congolaise de Presse, 2009).
Impact Politique#
Antoine Gizenga est reconnu pour sa persévérance dans la promotion des idéaux lumumbistes. Il a été un défenseur acharné de la souveraineté nationale, du nationalisme africain et du bien-être du peuple congolais. Son engagement a influencé plusieurs générations de politiciens en RDC.
Conclusion#
La vie d’Antoine Gizenga est intimement liée à l’histoire tumultueuse de la RDC. Son dévouement à la cause lumumbiste et sa résistance face aux défis politiques font de lui une figure emblématique. En honorant sa mémoire, le peuple congolais reconnaît non seulement un homme d’État, mais aussi un symbole de persévérance et de patriotisme.
Références#
- Actualite.cd. (2019). Décès d’Antoine Gizenga, ancien Premier ministre de la RDC. Consulté le 24 février 2019, sur Actualite.cd.
- Agence Congolaise de Presse. (2009). Antoine Gizenga élevé au rang de Héros National. Kinshasa.
- Commission Électorale Nationale Indépendante. (2006). Résultats de l’élection présidentielle de 2006. Kinshasa.
- Gizenga, A. (2006). Ma lutte, mon idéal. Kinshasa : Éditions du PALU.
- Hoskyns, C. (1965). The Congo Since Independence: January 1960 – December 1961. London: Oxford University Press.
- Kabwit, G. M. (1979). Zaire: The Political Economy of Underdevelopment. African Affairs, 78(311), 365-383.
- Kanza, T. (1994). The Rise and Fall of Patrice Lumumba: Conflict in the Congo. Cambridge, MA: MIT Press.
- Le Potentiel. (2008). Démission d’Antoine Gizenga : Un acte patriotique. Kinshasa.
- Nzongola-Ntalaja, G. (2002). The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History. London: Zed Books.
- Radio Okapi. (2006). Antoine Gizenga nommé Premier ministre. Consulté le 30 décembre 2006, sur Radio Okapi.
- Réseau Documentaire International sur la Région des Grands Lacs Africains. (2019). Biographie d’Antoine Gizenga. Consulté le 1er mars 2019.
- Schatzberg, M. G. (1991). The Political Economy of Zambia. New York: Praeger.
- Turner, T. (2007). The Congo Wars: Conflict, Myth and Reality. London: Zed Books.
- Weissman, S. R. (1974). American Foreign Policy in the Congo 1960–1964. Ithaca: Cornell University Press.
- Young, C. (1965). Politics in the Congo: Decolonization and Independence. Princeton: Princeton University Press.
En savoir plus sur CongoHeritage
Subscribe to get the latest posts sent to your email.