La Biographie de Laurent Monsengwo Pasinya

Laurent Monsengwo Pasinya (7 octobre 1939 – 11 juillet 2021) fut une figure marquante de l’Église catholique congolaise et un acteur clé dans la promotion de la paix, de la justice, et des droits de l’homme en République Démocratique du Congo (RDC). Archevêque de Kinshasa de 2007 à 2018 et cardinal à partir de 2010, il est largement reconnu pour son rôle dans les transitions politiques du pays et son engagement à promouvoir le dialogue et la réconciliation nationale. Issu d’une famille royale Basakata, il a fait de la foi, du service public et du plaidoyer pour les droits humains les piliers de sa vie et de son ministère.

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Origines et Formation Écclésiastique#

Né le 7 octobre 1939 à Mongobele, dans le diocèse d’Inongo, Laurent Monsengwo appartenait à une famille de la noblesse locale. Son deuxième prénom, Monsengwo, signifie « neveu du chef traditionnel », indiquant son statut dans la hiérarchie sociale Basakata (Ndaywel, 2021). Après ses études au Séminaire de Bokoro et au Grand Séminaire de Kabwe, où il a étudié la philosophie, il a été envoyé à Rome pour poursuivre ses études à l’Université Pontificale Urbanienne, puis à l’Institut Biblique Pontifical. Il y obtient un doctorat en études bibliques, devenant ainsi le premier Africain à obtenir un tel diplôme. Il a également étudié à l’Institut Biblique de Jérusalem sous la direction du cardinal Carlo Maria Martini, une autre figure influente de l’Église catholique mondiale (Lemarchand, 2010).

Après son ordination sacerdotale le 21 décembre 1963 à Rome, Monsengwo est retourné en RDC, où il a enseigné à la Faculté de Théologie de Kinshasa et a joué un rôle clé au sein de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), notamment comme secrétaire général de 1976 à 1980. Sa carrière ecclésiastique prend un tournant décisif lorsqu’il est nommé évêque auxiliaire de Kisangani en 1980, un poste auquel il est consacré par le pape Jean-Paul II en personne lors de sa visite historique à Kinshasa la même année (De Saint Moulin, 2014).

Engagement pour la Paix et la Justice en RDC#

Au fil des années, Monsengwo s’est imposé comme un acteur incontournable dans les processus politiques du Congo, jouant un rôle déterminant lors de la transition démocratique de la décennie 1990. Alors que le régime de Mobutu Sese Seko vacillait, Monsengwo fut nommé président de la Conférence Nationale Souveraine (CNS) en 1991, un forum multipartite créé pour réformer le système politique du pays. En 1992, il est nommé président du Haut Conseil de la République (HCR), l’organe législatif de transition, et en 1994, il devient président du Parlement de transition (Nzongola-Ntalaja, 2011).

Son engagement pour la justice et la paix s’est manifesté à travers des discours mémorables et des actions concrètes visant à instaurer l’État de droit en RDC. Il a défendu les droits humains et la primauté du droit dans des contextes politiques souvent marqués par la répression et les abus. Lors de l’Assemblée Spéciale du Synode des Évêques pour l’Afrique en 2009, il a prononcé un discours célèbre où il affirmait que « la paix va de pair avec la justice, la justice avec le droit, et le droit avec la vérité » (Synode pour l’Afrique, 2009).

Tableau 1 : Chronologie de la Vie de Laurent Monsengwo Pasinya#

Archevêque de Kinshasa et Création Cardinalice#

En 2007, Monsengwo est nommé archevêque de Kinshasa par le pape Benoît XVI, succédant au cardinal Frédéric Etsou-Nzabi-Bamungwabi. Cette nomination le place à la tête de l’une des plus grandes archidiocèses d’Afrique centrale, dans un contexte de tensions politiques persistantes. À ce poste, il continue de jouer un rôle de médiateur, appelant à des élections justes et transparentes et dénonçant les abus de pouvoir. En 2010, il est élevé au rang de cardinal, une reconnaissance de son influence non seulement en Afrique, mais aussi dans l’Église mondiale. En tant que co-président de Pax Christi International, Monsengwo a contribué aux efforts de paix dans plusieurs zones de conflits à travers le monde (De Schryver, 2012).

En 2011, il se distingue par sa critique ouverte des résultats des élections présidentielles en RDC, affirmant que les résultats ne « correspondent ni à la vérité, ni à la justice » (CENCO, 2011). Cette prise de position courageuse contre les manipulations électorales a renforcé son image de défenseur des opprimés et de la démocratie en Afrique.

Rôle au Vatican et Contributions Internationales#

En plus de ses responsabilités au niveau local, Monsengwo a été actif au sein du Vatican, participant à plusieurs synodes des évêques. Il a été nommé membre de divers dicastères, notamment le Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix, le Conseil Pontifical pour la Culture, et la Congrégation pour l’Éducation Catholique (Vatican News, 2013). En 2013, il fut l’un des 115 cardinaux électeurs qui participèrent au conclave ayant élu le pape François, et en avril de la même année, il fut nommé membre du Conseil des Cardinaux chargé d’aider le pape dans la réforme de la Curie romaine.

Tableau 2 : Les Principales Contributions de Laurent Monsengwo

Un Leader Spirituel et Politique Visionnaire#

Laurent Monsengwo était non seulement un homme d’Église, mais aussi un acteur politique influent dans son pays. Son engagement en faveur de la justice et des droits de l’homme, ainsi que son rôle dans la transition politique en RDC, lui ont valu un immense respect tant au niveau national qu’international. Il croyait fermement en l’importance de la vérité et de la justice pour établir une paix durable. Son célèbre discours au Synode des Évêques en 2009 témoigne de cette conviction, affirmant que « sans vérité, il est difficile d’assurer la justice et de parler de droits » (Synode pour l’Afrique, 2009).

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Décès et Héritage#

Le 11 juillet 2021, Laurent Monsengwo est décédé à Versailles, en France, où il s’était rendu pour des soins médicaux. Sa mort a marqué la fin d’une ère pour l’Église catholique congolaise, mais son héritage continue de résonner à travers ses contributions à la paix, à la justice et à la défense des droits des plus vulnérables. Il demeure une figure emblématique pour les générations futures en RDC et au-delà.

Conclusion#

Laurent Monsengwo Pasinya incarne la résistance contre l’oppression et la quête incessante de la vérité et de la justice en Afrique. Son parcours exceptionnel en tant que cardinal, médiateur politique, et premier Africain à obtenir un doctorat en études bibliques, a laissé une empreinte indélébile sur l’Église catholique et la scène politique congolaise. Sa contribution à la paix, à la démocratie et à la défense des droits humains fait de lui une figure incontournable de l’histoire contemporaine de l’Afrique.

Références

CENCO. (2011). Déclaration des évêques sur les élections de 2011 en RDC. Conférence Épiscopale Nationale du Congo.

De Saint Moulin, L. (2014). L’Église et l’État en République Démocratique du Congo. Kinshasa: Presses Universitaires de l’UNIKIN.

De Schryver, A. (2012). Le Cardinal Laurent Monsengwo et l’Église en Afrique. Bruxelles: CEDAF.

Lemarchand, R. (2010). The Dynamics of Violence in Central Africa. Philadelphia: University of Pennsylvania Press.

Ndaywel, I. (2021). Biographie de Laurent Monsengwo Pasinya. Revue Africaine d’Histoire Contemporaine, 12(3), 45-62.

Synode pour l’Afrique. (2009). Discours du Cardinal Monsengwo sur la paix et la justice.