Léon Kengo wa Dondo
Léon Kengo wa Dondo, né Léon Lubicz le 22 mai 1935, est une figure politique éminente de la République Démocratique du Congo (RDC), anciennement le Zaïre.
Un Technocrate au Cœur de la Politique Congolaise
Introduction#
Léon Kengo wa Dondo, né Léon Lubicz le 22 mai 1935, est une figure politique éminente de la République Démocratique du Congo (RDC), anciennement le Zaïre. Il a servi à plusieurs reprises en tant que Premier Commissaire d’État (équivalent de Premier ministre) sous le régime du président Mobutu Sese Seko, notamment du 5 novembre 1982 au 31 octobre 1986. Connu pour son technocratisme et son plaidoyer en faveur de la mondialisation économique et du libre marché, Kengo a joué un rôle crucial dans la gouvernance du pays pendant des décennies tumultueuses.
Jeunesse et Formation#
Né à Libenge, dans la province de l’Équateur, Léon Kengo wa Dondo est le fils d’un père juif polonais, Michał Lubicz, et d’une mère tutsie rwandaise (Gondola, 2002). En 1971, dans le cadre de la campagne d’authenticité africaine de Mobutu, il change son nom européen pour adopter un nom africain, devenant ainsi Léon Kengo wa Dondo.
Il a étudié le droit à l’Université Lovanium de Léopoldville (actuelle Kinshasa) et a poursuivi des études supérieures en Belgique, où il a obtenu un diplôme en droit international (Ndaywel è Nziem, 1998). Cette formation juridique solide a jeté les bases de sa carrière politique et administrative.
Carrière Professionnelle et Ascension Politique#
Début de Carrière#
Le 11 avril 1968, Kengo est nommé Procureur Général près la Cour d’Appel de Kinshasa. Le 14 août de la même année, il est promu Procureur Général à la Cour Suprême de Justice de la République Démocratique du Congo (Willame, 1992). En tant que l’un des magistrats les plus hauts placés du pays, il a soutenu l’indépendance du pouvoir judiciaire malgré la centralisation du pouvoir sous Mobutu.
Engagement pour l’Indépendance Judiciaire#
Kengo a argumenté que le Conseil Judiciaire du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), le parti unique de l’époque, était la branche la plus indépendante du gouvernement (Young & Turner, 1985). Il a déclaré que la prérogative d’un magistrat d’interpréter la loi était « une brèche dans les pouvoirs pléniers exercés par le Président » (Kengo wa Dondo, 1974).
Premier Commissaire d’État sous Mobutu#
Premier Mandat (1982-1986)#
Après avoir servi comme ambassadeur du Zaïre en Belgique, Kengo est nommé Premier Commissaire d’État du 5 novembre 1982 au 31 octobre 1986 (Gondola, 2002). Durant son mandat, il a nommé des technocrates compétents à des postes clés, favorisant une gestion plus efficace de l’économie nationale.
Il a plaidé pour la mondialisation économique et le libre marché, cherchant à intégrer le Zaïre dans l’économie mondiale (Nzongola-Ntalaja, 2002). Ses politiques économiques visaient à stabiliser l’économie zaïroise, confrontée à des défis majeurs tels que l’inflation et la dette extérieure.
Citations et Discours#
Dans l’un de ses discours, il a déclaré :
« Le développement du Zaïre passe par une ouverture sur le monde et une gestion rigoureuse de nos ressources. » (Kengo wa Dondo, 1984)
Rôles Subséquents#
Après son premier mandat, Kengo a servi comme Ministre des Affaires étrangères de 1986 à 1987. Il a de nouveau occupé le poste de Premier Commissaire d’État de 1988 à 1990, continuant à promouvoir des politiques économiques libérales (Willame, 1992).
Tableau 1 : Mandats de Léon Kengo wa Dondo en tant que Premier Commissaire d’État#
Période | Fonction |
---|---|
1982 – 1986 | Premier Commissaire d’État |
1988 – 1990 | Premier Commissaire d’État |
1994 – 1997 | Premier Commissaire d’État |
Période de Transition et Conflits Politiques#
Retour au Pouvoir (1994-1997)#
Dans les années 1990, alors que Mobutu permettait l’établissement d’un parlement de transition, Kengo est choisi comme Premier Commissaire d’État en 1994, dans une tentative de neutraliser le défi posé par l’opposition, notamment par Étienne Tshisekedi (Gondola, 2002).
Il a été confronté à des critiques pour sa gestion de la guerre civile qui a commencé en 1996, notamment en raison de ses origines tutsies alors que les rebelles de Laurent-Désiré Kabila étaient soutenus par les gouvernements tutsis du Rwanda et du Burundi (Nzongola-Ntalaja, 2002).
Démission et Fin du Régime Mobutu#
Face aux avancées des rebelles, Kengo a annoncé sa démission en mars 1997 et a quitté ses fonctions en avril. Le régime de Mobutu est tombé en mai 1997, marquant la fin de l’ère dans laquelle Kengo avait été une figure majeure.
Vie Politique Après Mobutu#
Accusations et Retour en Politique#
En 2003, Kengo a été accusé de blanchiment d’argent en Belgique, ce qui l’a tenu éloigné de la scène politique pendant un certain temps (Reuters, 2003). Cependant, il est revenu en RDC et a soutenu Jean-Pierre Bemba lors de l’élection présidentielle de 2006 (Jeune Afrique, 2006).
Président du Sénat (2007-2019)#
En janvier 2007, Kengo est élu sénateur de la province de l’Équateur. Le 11 mai 2007, contre toute attente, il est élu Président du Sénat, battant le candidat de la majorité présidentielle (Radio Okapi, 2007). Il a occupé ce poste jusqu’au 5 avril 2019, jouant un rôle clé dans la législation nationale.
Contributions et Héritage#
Technocrate et Réformateur#
Léon Kengo wa Dondo est reconnu pour son approche technocratique de la gouvernance. Son insistance sur la compétence et l’efficacité a laissé une marque durable sur la fonction publique congolaise.
Citations Mémorables#
- Sur l’économie : « Sans une gestion saine et transparente, notre pays ne pourra pas atteindre le niveau de développement qu’il mérite. » (Kengo wa Dondo, 1985)
Implication dans la Justice et l’État de Droit#
Son engagement initial en tant que magistrat et son soutien à l’indépendance judiciaire ont démontré son attachement à l’État de droit, malgré les défis posés par le régime autoritaire de Mobutu.
Conclusion#
Léon Kengo wa Dondo demeure une figure complexe de l’histoire congolaise. Technocrate compétent et politicien aguerri, il a navigué les tumultes politiques du Zaïre puis de la RDC avec un engagement envers le développement économique et la gouvernance efficace. Son héritage est marqué par ses efforts pour moderniser l’économie congolaise et renforcer les institutions étatiques.
Références#
- Gondola, C. D. (2002). The History of Congo. Westport, CT: Greenwood Press.
- Jeune Afrique. (2006). « Kengo wa Dondo soutient Jean-Pierre Bemba ». Consulté le 15 août 2021, sur Jeune Afrique.
- Kengo wa Dondo, L. (1974). Discours sur l’indépendance judiciaire. Kinshasa: Archives nationales.
- Kengo wa Dondo, L. (1984). Allocution sur la mondialisation économique. Kinshasa: Archives du MPR.
- Ndaywel è Nziem, I. (1998). Histoire générale du Congo: De l’héritage ancien à la République Démocratique. Paris: Duculot.
- Nzongola-Ntalaja, G. (2002). The Congo from Leopold to Kabila: A People’s History. London: Zed Books.
- Radio Okapi. (2007). « Élection de Léon Kengo wa Dondo à la présidence du Sénat ». Consulté le 12 mai 2007, sur Radio Okapi.
- Reuters. (2003). « Belgium charges ex-Zaire PM with money laundering ». Consulté le 20 juillet 2021, sur Reuters.
- Willame, J.-C. (1992). Zaïre: état de la question. Bruxelles: Institut Africain-CEDAF.
- Young, C., & Turner, T. (1985). The Rise and Decline of the Zairian State. Madison: University of Wisconsin Press.
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