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L’Assassinat de Patrice Lumumba : Un Crime qui Marqua l’Histoire du Congo

Assassinat de Patrice Lumumba: Le rôle des puissances internationales dans la chute du premier Premier ministre congolais

Le 14 septembre 1960, la République démocratique du Congo, alors jeune nation nouvellement indépendante, est plongée dans le chaos politique. Le colonel Joseph-Désiré Mobutu, qui deviendra plus tard Mobutu Sese Seko, organise un coup d’État avec la complicité du président Joseph Kasavubu, destituant ainsi le Premier ministre Patrice Lumumba. Avec l’appui des puissances occidentales, Mobutu prend les rênes du pays, déclenchant ainsi une série d’événements qui mèneront à la capture et à l’assassinat de Lumumba, un fervent défenseur de l’indépendance totale du Congo face à l’impérialisme occidental.

Le 1er décembre 1960, Lumumba est arrêté par les troupes de Mobutu. Capturé à Port Francqui (aujourd’hui appelé Ilebo), il est ensuite transféré à Léopoldville (actuelle Kinshasa), menotté et sous forte escorte militaire. Mobutu justifie cette arrestation en accusant Lumumba d’avoir incité l’armée à se rebeller et d’autres crimes graves contre l’État.

L’Implication des Nations Unies et la Pression Internationale

L’arrestation de Lumumba attire rapidement l’attention de la communauté internationale. Le secrétaire général des Nations Unies, Dag Hammarskjöld, inquiet de la tournure des événements, appelle le président Kasavubu à offrir à Lumumba un procès équitable. Cependant, les tensions internationales montent rapidement. L’Union soviétique, un soutien de Lumumba, accuse Hammarskjöld et les puissances occidentales, notamment la Belgique et les États-Unis, d’être complices de l’emprisonnement de Lumumba. Le Kremlin demande sa libération immédiate et condamne l’ingérence étrangère dans les affaires du Congo.

Le 7 décembre 1960, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit pour débattre de la situation. Les Soviétiques exigent que Lumumba soit libéré, réintégré dans ses fonctions de Premier ministre, et que les troupes de Mobutu soient désarmées. Ils demandent également l’évacuation immédiate des citoyens belges du Congo, considérés comme des acteurs-clés dans l’instabilité du pays. Le diplomate soviétique Valerian Zorin refuse d’accéder à la demande des États-Unis de se récuser de la présidence du Conseil de sécurité, accentuant les tensions Est-Ouest qui caractérisent cette époque de Guerre froide. En savoir plus sur les tensions internationales autour de l’affaire Lumumba.

La Crise Congolaise et les Menaces Contre les Belges

L’impact de cette crise se fait rapidement sentir. Le 9 décembre 1960, un rapport de l’ONU révèle que Lumumba aurait été maltraité par ses gardes, ce qui exacerbe la colère de ses partisans. Ceux-ci menacent de violentes représailles, notamment en promettant d’arrêter et de décapiter des Belges vivant au Congo si Lumumba n’est pas libéré sous 48 heures. À ce moment-là, plusieurs pays membres de l’ONU, comme l’ex-Yougoslavie, la République arabe unie (Égypte), le Ceylan (Sri Lanka), l’Indonésie, le Maroc et la Guinée, annoncent le retrait de leurs troupes présentes au Congo, augmentant ainsi la pression sur l’organisation internationale.

Malgré cette tension croissante, le 14 décembre, une résolution pro-Lumumba proposée par l’Union soviétique est rejetée au Conseil de sécurité par huit voix contre deux. Le même jour, l’Union soviétique oppose son veto à une résolution occidentale visant à accorder à Hammarskjöld plus de pouvoir pour stabiliser la situation au Congo.

Le Transfert Fatidique à Jadotville et l’Exécution de Lumumba

Le 17 janvier 1961, Lumumba est transféré de la prison militaire de Thysstad, près de Léopoldville, vers une prison plus « sécurisée » à Jadotville, dans la province rebelle du Katanga. Ce transfert marque son passage entre les mains de ses ennemis les plus virulents, notamment Moïse Tshombe, leader sécessionniste du Katanga, et leurs alliés belges. À son arrivée, des rapports indiquent que Lumumba ainsi que ses compagnons d’infortune, Maurice Mpolo et Joseph Okito, sont brutalement maltraités par la police katangaise.

Dans la nuit du 17 janvier, Lumumba et ses compagnons sont exécutés dans des circonstances qui restent aujourd’hui encore largement entourées de mystère. Le rôle de la Belgique dans cette exécution a été longuement débattu. Dans son ouvrage Le meurtre de Patrice Lumumba (1999), l’historien belge Ludo De Witte révèle des détails glaçants sur cette exécution. Il soutient que le commissaire de police belge Frans Verschile aurait conduit les prisonniers à l’endroit de leur exécution, tandis que Julien Gat, un autre policier belge, aurait donné l’ordre aux soldats katangais de tirer. Consultez cet ouvrage pour une analyse plus approfondie.

Un Corps Disparu et des Réactions Internationales

Le corps de Lumumba n’a jamais été retrouvé. D’après certaines sources, il aurait été dissous dans de l’acide sulfurique par le Belge Gérard Soete, afin d’effacer toute trace du crime. Toutefois, en 1961, une dent appartenant à Lumumba aurait été récupérée et conservée. En juin 2022, la Belgique a officiellement restitué cette dent à la famille de Lumumba, dans un acte symbolique de reconnaissance de sa responsabilité dans ce crime.

L’annonce de l’assassinat de Lumumba le 10 février 1961, attribuée à des « villageois », provoque une onde de choc à travers le monde. Des manifestations éclatent devant les ambassades belges, notamment en Yougoslavie et dans d’autres pays non-alignés. Cet événement marquera à jamais les relations entre le Congo et les puissances coloniales, ainsi que le rôle des interventions internationales dans le destin des nations africaines nouvellement indépendantes.

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